Il y a 20 ans : Tandem Prost / Senna chez Ferrari... Alesi chez Williams !
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Il y a 20 ans : Tandem Prost / Senna chez Ferrari... Alesi chez Williams !
En juillet 1990, Cesare Fiorio convainc Ayrton Senna de signer pour
Ferrari. Le champion brésilien envoie un fax officieux au patron de la
Scuderia, pour signifier son accord de principe. Le contrat est prêt,
n’attend que d’être paraphé par l’homme au casque jaune. Trahi pour des
raisons de politique interne, Fiorio doit renoncer au tandem Senna -
Prost, qu’il rêvait de reconstituer.
Ayant recruté
Prost en secret en 1989, négociant sur son propre voilier en Sardaigne,
Fiorio voulait décapiter l’ennemi juré, McLaren, en lui prenant ses deux
pilotes. Réunir Senna et Prost chez Ferrari, ces deux virtuoses du
sport automobile, titans de la F1, restera une utopie, un rêve inachevé
pour Cesare Fiorio, qui avait pour axiome fondateur la conviction que ce
sont les pilotes qui font une écurie, et non l’inverse ...
Le
choix de Fiorio, qui cherche donc à remplacer Nigel Mansell, décevant
en 1990 contre Prost, se tourne ensuite vers Alessandro Nannini.
Excellent pilote, vainqueur au Japon en 1989 suite au déclassement
d’Ayrton Senna, l’Italien résiste superbement au triple champion du
monde Nelson Piquet, son coéquipier chez Benetton Ford.
Mais
fin septembre 1990, Nannini se sectionne l’avant-bras droit dans un
terrible accident d’hélicoptère. Sa carrière en F1 est brisée net ...
Cruel destin que celui de Nannini, pressenti chez Ferrari quelques
semaines auparavant, fauché en plein vol par l’Alouette ... Cependant,
le pilote italien avait déclaré le 16 septembre 1990, une semaine avant
Estoril, qu’il resterait chez Benetton, par fidélité à l’écurie. Nannini
n’aurait donc pas signé chez Ferrari en 1991, même sans son accident.
Mais sa convalescence libère un baquet très convoité chez Benetton, et
ouvre encore plus le marché des transferts dans la perspective de la
saison 1991.
Ayrton Senna, qui pensait emmener son
ami Thierry Boutsen comme coéquipier chez Ferrari en 1991, met la
pression sur Honda et Ron Dennis en cet été 1990. Le comportement
routier de la Ferrari 639, monture de son rival Alain Prost, est
supérieur à celui de la McLaren MP4/5B, simple évolution de la voiture
de 1989. Le V10 Honda gagne alors en puissance, la monoplace de Woking
retrouve des couleurs, et Senna gagne alors à Hockenheim, Spa
Francorchamps et Monza.
La trahison de Mansell envers Prost, à
Estoril, achève de donner à Senna une avance suffisante pour la conquête
de son deuxième couronne mondiale, effective à Suzuka.
Le
département technique de l’équipe McLaren a été décimé début 1990.
Steve Nichols est parti chez Ferrari avec Prost, tandis que Gordon
Murray a été affecté par Ron Dennis à la conception d’une voiture de
tourisme très sportive, la future McLaren F1. Si Ayrton Senna a pu
attirer Giorgio Ascanelli comme ingénieur de piste, seul Neil Oatley est
resté parmi les cadres de Woking ... Autre problème, le cockpit étroit
de la MP45/B, simple évolution de la monoplace de 1989, a été conçu pour
des jockeys tels que Senna ou Prost. Gerhard Berger a donc du patienter
jusqu’à la deuxième partie de saison 1990 pour s’y sentir à l’aise ...
Les forces vives de McLaren Honda, l’équipe anglo-japonaise
souffre face à une Scuderia Ferrari revigorée par l’arrivée de Prost, le
Messie. Heureusement pour Ron Dennis et Mansour Ojjeh, il leur reste un
pilote exceptionnel avec Ayrton Senna, cocktail idéal entre agressivité
et finesse.
Stakhanoviste, Senna recherchait sans
cesse la perfection, que ce soit pour la souplesse du moteur, la
puissance et l’accélération, la dégradation des pneus, l’adhérence de la
monoplace ou l’équilibre du châssis ... Ayrton, énorme travailleur,
capable de rester tard sur le circuit un samedi soir pendant un week-end
de course, fascinait les mécaniciens et les ingénieurs, qui se
donnaient à fond pour lui offrir le meilleur bolide possible. Ils
savaient que le dimanche, Senna les remerciait très souvent par une
victoire.
Mais pour faire progresser la McLaren MP4/5B, l’archange
brésilien a volontairement fait traîner les pourparlers pour le
renouvellement de son contrat avec McLaren Honda.
Odieux chantage?
Que nenni, simple jeu politique dans la jungle de la F1, où Senna s’est
désormais taillé la part du lion ... Ayant joué avec l’équipe
Williams-Renault, où Frank Williams veut se défaire de Thierry Boutsen,
jugé trop tendre, Senna reste finalement à Woking pour 1991, avec
Gerhard Berger comme coéquipier.
La menace Senna
écartée, Boutsen ne résiste pas au retour au bercail de Nigel Mansell,
écoeuré par Prost chez Ferrari. Changement de setup sur la grille à
Interlagos, réunions techniques conduites en italien pour écarter
Mansell de la conversation, victoire symbolique sur ses terres, à
Silverstone, Mansell a été écrasé par Prost, nouveau roi de la Scuderia.
Face à l’intelligence du Professeur, le panache du Lion n’a pas pesé
bien lourd ...Voilà le pilote anglaisde retour chez Williams-Renault
pour 1991, écurie qui songeait également à Jean Alesi, révélation de
1990.
Champion de France de F3 en 1987, champion de
F3000 en 1989 avec l’écurie d’Eddie Jordan, Alesi effectue des débuts
fracassants en F1 chez Tyrrell, au Grand Prix de France 1989. Sur le
circuit Paul-Ricard, il se classe quatrième, en remplacement de Michele
Alboreto. En quelques mois, Alesi devient un des grands espoirs d’une F1
où le duel Prost - Senna atteint son paroxysme, même si les Piquet,
Boutsen, Mansell, Patrese, Berger, Capelliet autres Nannini constituent
une impressionnante meute de challengers.
Par deux
fois en 1990, Alesi a tenu la dragée haute à AyrtonSenna en personne,
sur la chasse gardée de Magic, les circuit urbains, Phoenix et Monaco.
Par deux fois, la Tyrrell Honda est passée tout près d’une victoire.
Cependant, à Phoenix, les Pirelli ont bien aidé Alesi, tandis qu’à
Monaco Senna fut handicapé par des coupures intermittentes de son V10
Honda, son avance fondant comme neige au soleil. Mais Alesi était pris en
sandwich entre les deux pilotes de Woking, Berger et Senna. Les
McLaren encadrent donc Alesi sur le podium monégasque.
Alesi
ou Mansell? Qui ira donc chez Williams-Renault? Piquet conseille
Williams à Alesi (histoire de mieux torpiller la carrière de Nigel
Mansell, son ennemi juré depuis 1986), tandis qu’Alain Prost le
recommande chez Ferrari. La raison, c’est Williams, plus pérenne que
Ferrari sur la décennie écoulée, même si la Scuderia a largement dominé
l’équipe anglaise en 1990 (6 victoires à 2). Le coeur, c’est Ferrari, la
passion, l’Italie, la légende, perpetuée malgré le décès du Commendatore Enzo Ferrari, en 1988.
Ignorant la perspective de rejoindre l’écurie de Didcot pour 1991, Jean Alesi cède aux sirènes de la Scuderia Ferrari.
L’Avignonnais
oublie vite Williams-Renault, avec qui il avait signé un pré-contrat
pendant l’été 1990, et pense à ses origines italiennes. Son père Franck a
émigré de Sicile en Avignon en 1959. Alesi rejoint ainsi Prost, son
compatriote et aîné, dans la plus prestigieuse écurie de F1, pour 1991.
Le
succès ne sera pas au rendez-vous pour Alesi, loin de là ... Fin 1991,
Ferrari explose ... Alain Prost est limogé par le président Piero Fusaro
(fort mal renseigné du haut de sa tour d’ivoire), pour avoir traité sa
Ferrari 643 de camion après Suzuka. Cesare Fiorio n’est pas conservé
dans ses fonctions de directeur sportif. En 1992, Luca Cordero di
Montezemolo effectue son retour à Maranello, et appelle Jean Todt dès
1993 à la gestion sportive. Grâce à sa popularité auprès des tifosi,
Alesi échappe à toutes ces révolutions de palais, mais est la première
victime de la gestion catastrophique d’une écurie au fonctionnement
byzantin, minée par les guerres politiques ...Les années Ferrari du
pilote avignonnais seront un purgatoire, où il va gaspiller son talent en
pure perte,malgré une victoire de rachat à Montréal en 1995.
Viscéralement attaché à l’écurie italienne, Alesi ne part qu’en 1996,
congédié par Todt, qui souhaite recruter le double champion du monde
Michael Schumacher. Alesi effectue alors le trajet inverse, vers
l’équipe Benetton-Renault.Qu’aurait fait Alesi
chezWilliams-Renault en 1991 et 1992, face à Riccardo Patrese ou
NigelMansell? Aurait-il pu conquérir le titre mondial?
Si Nannini
n’avait pas été blessé en hélicoptère, si Fiorio n’avait pas été trahi
dans sa propre maison, si Senna avait rejoint la Scuderia ... avec des
si, on met Paris en bouteille ... et on refait son destin, mille fois
plutôt qu’une, chaque matin devant son miroir, dans la nostalgie de
l’incomparable souvenir de la compétition et de son adrénaline
environnante
cazzu- Pilotes GP3
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Re: Il y a 20 ans : Tandem Prost / Senna chez Ferrari... Alesi chez Williams !
Ahlala a l'époque la f1 avait encore quelque chose de magique! C'était romanesque! On pourrait en faire des livres! Aujourd'hui ce n'est plus pareil!
Merci Cazzu pour cet article! :bravo2:
Merci Cazzu pour cet article! :bravo2:
Enigma07- FOM
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Re: Il y a 20 ans : Tandem Prost / Senna chez Ferrari... Alesi chez Williams !
Cette article n'est pas de moi, je n'ai pas cité la source, alors je vais en profiter ! J'aurais aimé écrire sur cette histoire mais je trouvais celui ci très bien écrit et puis je me suis dit que ca changerait !!
Cette histoire est juste allucinante !!
Source de l'article : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] par AlexBorg
Cette histoire est juste allucinante !!
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cazzu- Pilotes GP3
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Localisation : Paris
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