Et le Renault F1 Team s'éteint...
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Et le Renault F1 Team s'éteint...
Par Cazzu (Emmanuel MOINE)
Comme nous le pressentions depuis maintenant quelques semaines, à l’instar de ce que les plus informés d’entre nous avaient laissé filtrer au soir du grand prix d’Abu Dhabi, depuis une semaine le Renault F1 Team n’est plus.
« Lotus prendra une participation significative dans Lotus Renault Gp avec Genii Capital » tel fut le communiqué publié à l’officialisation du décès de la meilleure écurie française de tous les temps. Froid, direct et imprécis, ces quelques mots en forme d’épitaphe scelle le sort d’une écurie Jaune et noir désormais revêtue d’or et de deuil.
Un mois déjà, que tous les passionnés n’osaient l’envisager, même à demi-mot. Un mois déjà que toute la France du sport automobile retenait son souffle, n’osant croire à ce revirement de situation. Le Renault F1 team était en rémission et c’est sans doute là que le bât blesse, nous étions tous aveuglés par les couleurs retrouvés de cette écurie que nous sommes beaucoup à porter dans notre cœur.
Quatre ans seulement après son dernier titre mondial, le retrait de l’entité 100% Renault montre à quel point le Crash Gate, sorte de point culminant au cancer qui le rongeait depuis bien des années ; Briatore ; a précipité la décision du directoire de la marque au losange. Carlos Ghosn souhaitait baisser les budgets d’exploitation de l’enseigne en course automobile, Fernando Alonso s’en était allé, sans doute lassé. Le même Ghosn assurait hésiter quant à l’engagement de son groupe en F1, les luxembourgeois de Genii Capital avait ainsi acquis 75% de l’entité châssis, basée à Enstone, non loin d’Oxford. Avec Eric Boullier à la tête de sa cure d’amincissement, menant une thérapie des plus lourdes sur l’idole malade, jamais personne n’aurait pensé à pareil retour en forme. En vain.
Lotus renait donc de ses cendres. En se portant acquéreur des parts restantes et encore détenues jusqu’ici par Renault sur le site d’Enstone, la marque anglaise « entend profiter de cette nouvelle implication au sommet du sport automobile, afin d’apporter de nouvelles améliorations techniques à ses modèles de série ». En s’associant au nom de Renault, Lotus souhaite renouer avec un passé glorieux et vieux de plus de trente ans. Lotus Renault, l’épopée du magicien Senna, le charisme et la beauté de châssis aux couleurs du cigarettiez John Player, l’âge d’or et l’âge noir de la discipline reine…
Renault ne sera plus qu’un simple motoriste, comme il l’avait déjà été entre 1989 et 1997. La marque double championne du monde en 2005 et 2006 redeviendra un simple partenaire dans la lutte technologique ; écologique ?; et compétitive. Manque d’ambition ? Non, le groupe français, actuellement en plein tourment a estimé, au niveau de son directoire que la boucle était bouclée. En terme de notoriété, la formule 1 a profité à Renault notamment dans les pays émergeants (ndlr : Brésil, Chine, Russie) ou nouveaux marchés automobiles en pleines croissances (ndlr : Espagne, Europe de l’Est …). Pour ce qui est de la compétition, l’écurie a tout gagné ou presque, sous l’égide d’un jeune fantasque… Fernando Alonso.
« Si les deux voitures n’occupent pas les premiers rôles, alors un investissement aussi important que la F1 devra être, à terme, reconsidéré ». Tels furent les mots de Carlos Ghosn fin 2007, à la conclusion d’une saison en dent de scie et à l’orée d’une période qui semblait alors bien moins faste que ce que les Renault Boys avaient pu connaitre précédemment. Non seulement Ghosn a tenu parole mais il a montré une exigence à toute épreuve, si l’on considère les performances d’une monoplace, plus rapide sur la deuxième partie de saison 2010 que sa concurrente Mercedes, dotée d’un budget près de 3 fois supérieur. La saison passée, Renault avait tenu le pari de la rentabilité. Une monoplace à bas prix pour des performances exemplaires si l’on juge le podium de Kubica à Monaco ou bien encore le fabuleux spectacle offert par les deux pilotes à Abu Dhabi il y a un mois. Nous pensions tous Renault sauvé. Nous croyions alors tous à la résurrection d’une vieille maison sauvée par la jeunesse de son board. Les médias français imaginaient déjà l’équipe lutter pour le titre à moyen terme. Ce sera peut-être le cas, puisque hormis sur le plan financier et dénominatif rien ne changera la saison prochaine dans la nouvelle écurie Lotus-Renault. Pourtant, dans pareille situation, l’empreinte du constructeur français sera bien entendu moindre, si l’on considère le gel des moteurs, prohibant toutes évolutions au niveau des blocs sur une durée de dix ans.
La marque au losange garde un secteur d’activité en formule 1, mais uniquement pour respecter le principe des accords d’engagements de longues durées passés l’an passé au moment du conseil mondial exceptionnel réunis pour statuer sur la sanction consécutive au Crash Gate. Renault souhaite aussi garder un œil sur l’évolution de la discipline à l’heure où les constructeurs automobiles concentrent leurs capacités en Recherche & Développement sur les nouvelles énergies et méthodes remèdes à la diminution des énergies fossiles sur notre planète. Et puis, comment ne pas penser aux autorités françaises après pareille décision. En effet, ce n’est pas l’absence d’un grand prix de France, ou la montée de pilotes talentueux qui ont fait inverser la tendance dans l’esprit de Ghosn et Rey. De plus, cette décision est d’une immense logique stratégique si l’on prend en compte l’image perçue par la France de la F1. « Elevé » au rang de sport illégitime dans une époque de crise énergétique et de scepticisme écologique, la formule 1 n’a aucun soutien dans l’hexagone, malgré un 1er ministre plutôt passionné mais impuissant. Si le gouvernement Sarkozy a préféré diaboliser ce sport, le retrait de l’écurie unique Renault F1 laisse bon nombres de passionnés sur le carreau. Dans le patrimoine du sport bleu-blanc-rouge, vecteur des plus belles émotions sportives de ces 5 dernières années, les « jaunards » laisse derrière eux de nombreux souvenirs souvent heureux, une fois honteux, ne pouvant laisser indifférent. Surtout, Renault, a montré, et montrera dans d’autres mesures, que les français peuvent s’imposer dans un sport où ils trop souvent jouer de complexes en manque de réussites.
Qu’il nous parait loin le temps où la R26, aux couleurs des Asturies, aux mains d’Alonso, s’offrait le monde au sommet de la ligne droite des stands du circuit d’Interlagos, à Sao Paulo. Qu’il nous parait incroyable de penser que Renault restera avec Ferrari et Lotus justement, la seule écurie à construire châssis et moteur tout en coiffant une couronne mondiale. Il faudra s’y faire. Le Renault F1 Team n’est plus et clos l’agonie d’une discipline en voie de disparition dans notre cher pays. Avec le retrait du constructeur français ce n’est pas seulement une part de notre passion qui vole en éclat mais bien la disparition du dernier acteur de grande classe, français de surcroit, en formule 1. Nostalgie au gout amer, souvenirs en pagaille, les couleurs asturiennes enivrent ces réminiscences de circonstance. Au moins, comme disait l’autre : « avec le temps, on ne garde que le meilleur », dommage que le Renault F1 Team nous ai quitté. RIP
cazzu- Pilotes GP3
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Localisation : Paris
Re: Et le Renault F1 Team s'éteint...
salut Manu !
merci pour l'article et les photos souvenirs !
au passage, y a un post spécialement ouvert pour tes 22ans !
merci pour l'article et les photos souvenirs !
au passage, y a un post spécialement ouvert pour tes 22ans !
Invité- Invité
Re: Et le Renault F1 Team s'éteint...
Super article, merci !
PS : La Lotus-Renault est quand même super belle ...
PS : La Lotus-Renault est quand même super belle ...
Invité- Invité
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